Quelle est l'empreinte carbone du bâtiment ?
Définition du bilan carbone du bâtiment
Le Bilan Carbone® d'un bâtiment (résidentiel et tertiaire) est la quantification ou la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre (ayant pour unité de mesure l'équivalent carbone ou équivalent CO₂) intrinsèques à cette structure, sur l'ensemble de son cycle de vie.
Cela comprend la conception, la construction, l'exploitation, la consommation d'énergie tout au long de la vie du bâtiment et la démolition.
Le bilan carbone du bâtiment en France
Le secteur du bâtiment contribue de manière significative à la consommation d'énergie et aux émissions de gaz à effet de serre de la France. En effet, 43 % de la consommation annuelle d'énergie du pays est attribuable aux bâtiments, et ces derniers génèrent 25 % des émissions de GES de la France.
Le bilan carbone du secteur résidentiel
Globalement, sur la période 1990-2017, deux tiers des émissions de ce secteur sont dues au logement. Ainsi, en 2017, les émissions des logements étaient de 58 Mt CO₂ e et celles des bâtiments du secteur tertiaire de 34 Mt CO₂ e.
La construction neuve
On distingue deux grands postes dans le bilan carbone du secteur résidentiel : les émissions de CO₂ liées à la construction et déconstruction et celles liées à l'exploitation (consommation d'énergie principalement).
Dans de nombreux cas, la structure globale et l'enveloppe du bâtiment représentent la partie la plus importante de l'empreinte carbone. Pour les immeubles de bureaux, cette contribution s'élève à près de 60 % de l'impact total.
Cette prépondérance s'explique par l'utilisation d'une grande quantité de matériaux, notamment le béton, l'acier et le verre.
Le cas de la réhabilitation
La réhabilitation et la rénovation des bâtiments existants ont un impact moindre sur les émissions de CO₂.
La réutilisation de certaines parties d'un bâtiment existant, comme son enveloppe extérieure, permet d'éviter les émissions qui proviendraient de la démolition des fondations, des structures et de la maçonnerie.
En moyenne, ce processus permet d'économiser 300 kg de CO₂ par m² de surface de plancher.
Quel est le périmètre du Bilan Carbone de la construction d'un bâtiment ?
Le périmètre considéré dans la construction d'un bâtiment tertiaire est le suivant :
- Les émissions liées à la déconstruction (s’il y a lieu d’être) ;
- Les émissions liées aux matériaux, machines et équipements ;
- Les émissions liées à la consommation d'énergie du chantier.
L’ensemble du cycle de vie du bâtiment est couvert par le bilan carbone.
Les émissions liées à la déconstruction
Les émissions liées à la déconstruction sont celles générées par les machines et les équipements utilisés lors du processus, ainsi que l'énergie consommée. L'empreinte carbone moyenne d'une déconstruction est d'environ 40 kg de CO₂ par mètre carré de surface utile.
L'énergie grise d'un matériau ou d'une machine constitue une part importante de son empreinte carbone
L'énergie grise d'un matériau est la quantité d'énergie nécessaire pour extraire, traiter, transporter et recycler ce matériau. Il s'agit donc de l'apport énergétique total au cours du cycle de vie d'un produit.
Par exemple, l'empreinte carbone de 1 kg d'acier est d'environ 1,8 kg de CO₂. Cependant, le carbone incorporé ne représente que 0,4 kg de ce total. Les 1,4 kg de CO₂ restants sont le résultat de l'énergie grise de l'acier.
Selon Ecoconso, la partie « grise » de l'énergie consommée par un bâtiment peut représenter 50 % sur 40 ans.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l'empreinte carbone des matériaux de construction, vous pouvez lire cet article.
Le bilan carbone du ciment
Le ciment a un bilan carbone important tout au long de son cycle de vie. Environ 60 % des émissions proviennent de la combustion fossile pour chauffer les fours pendant le processus de fabrication du ciment.
En outre, le calcaire et les autres matières premières utilisées dans le processus de production libèrent du CO₂. En moyenne, une tonne de ciment rejette environ 900 kg de CO₂ dans l'atmosphère.
Le bilan carbone du béton
Le béton étant composé de ciment, de sable et d'eau, la mesure de son empreinte carbone est directement lié à celle du ciment. Elle est estimée à environ 1 t de CO₂e par mètre cube de béton. En outre, le poids d'un mètre cube de béton (2,5 t) en fait un matériau très énergivore.
Le bilan carbone de l'asphalte
L'asphalte est un mélange de bitume (un produit pétrolier) et de gravier utilisé pour l'étanchéité des bâtiments. On estime que la production d'une tonne d'asphalte génère 2,5 tonnes de CO₂.
Les émissions liées à la consommation d'énergie du chantier
La consommation énergétique du chantier est principalement due à l'utilisation d'engins de chantier tels que les pelleteuses, les grues ou encore les installations, comme les bases vies.
En France, ce type d'équipement consomme approximativement 474 TWh d'électricité par an, ce qui représente un peu moins de 3 % de la consommation totale d'électricité du pays. Les émissions liées à cette consommation sont estimées à 13.5 Mt CO₂ e, soit 0,4 % des émissions totales de la France.
Comment la réglementation encadre les émissions carbones des entreprises du bâtiment ?
Les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone pour le bâtiment
La stratégie nationale pour de faibles émissions carbone dans le secteur du bâtiment vise à réduire de 80 % les émissions de CO₂ de bâtiments neufs existants d'ici à 2050.
Cet objectif ambitieux mais nécessaire dans la lutte contre le réchauffement climatique implique une transformation profonde de l'ensemble du secteur, notamment par une augmentation significative de l'efficacité énergétique et l'utilisation de technologies à faible émission de carbone ou à émission nulle.
Le Plan national pour la transition énergétique, adopté en 2015, fixe des objectifs pour le secteur du bâtiment, notamment :
- Réduire de 38 % la consommation d'énergie dans les bâtiments d'ici à 2030
- Garantir le site confort thermique des bâtiments tout en réduisant la consommation d'énergie
- Réduire l'empreinte carbone des bâtiments de 4 % par an de 2020 à 2030.
La Réglementation Environnementale 2020
La re2020 exige que tous les nouveaux bâtiments soient « à énergie quasi nulle ». Pour y parvenir, un certain nombre de mesures doivent être mises en œuvre, notamment :
- L'utilisation d'énergies renouvelables pour le chauffage, le refroidissement et la production d'eau chaude
- L'amélioration de la performance énergétique de l'enveloppe du bâtiment (isolation, étanchéité à l'air) ;
- L'utilisation de systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) plus efficaces
- L'utilisation d'un éclairage à LED ou d'autres systèmes d'éclairage à haute efficacité.
En outre, la re2020 exigera également que tous les grands projets de rénovation (c'est-à-dire ceux qui impliquent une surface de plus de 1 000 m²) répondent également à la norme « énergie quasi nulle ».
Les entreprises peuvent calculer leur bilan carbone en plus de celui du bâtiment.
Le Décret Tertiaire
Le Décret Tertiaire a été adopté en 2019 et vise à améliorer la performance énergétique des bâtiments tertiaires (bureaux, commerces, hôtels, etc.). À l'horizon 2023, tous les nouveaux bâtiments doivent répondre aux normes « BBC-Effinergie + ou RT2012 », et d'ici à 2030, tous les nouveaux bâtiments devront être « à énergie quasi nulle ».
Le label Chantier Zéro Carbone
Le label Chantier Zéro Carbone est un système de certification volontaire qui évalue l'empreinte carbone des projets de construction.
Ce label a été créé par le ministère français de la Transition écologique et solidaire en partenariat avec plusieurs organismes, dont l'ADEME, la Caisse des Dépôts, Effinergie et la Fédération française de la construction (FFB).
Outre le label Chantier Zéro Carbone, il existe plusieurs autres labels carbone volontaires pour les bâtiments, notamment
- Le label BBCA, qui évalue la performance environnementale des bâtiments résidentiels neufs
- Le label THPE, qui évalue la performance thermique des bâtiments neufs.
Si vous souhaitez approfondir l'aspect réglementaire en vigueur dans le bâtiment, vous pouvez lire cet article.
Comment calculer l'empreinte carbone d'un bâtiment ?
Il existe plusieurs méthodes pour calculer l'empreinte carbone d'un bâtiment. La méthode la plus courante consiste à utiliser un facteur d'émission, qui est une mesure des émissions d'une activité ou d'un produit spécifique. Par exemple, le facteur d'émission pour la production de ciment est de 1,25 kg de CO₂ e par kg de ciment produit. Cela signifie que pour chaque kilogramme de ciment produit, 1,25 kilogramme de CO₂ e est émis.
Une autre méthode courante consiste à utiliser une analyse du cycle de vie (ACV). Les ACV considèrent le cycle de vie complet d'un produit ou d'une activité, de l'extraction des matières premières à l'élimination. Cela fait des ACV un moyen plus complet et plus précis d'évaluer les impacts environnementaux.
L'ADEME indique que trois approches peuvent être utilisées pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la construction de bâtiments :
- Une approche globale, en analysant la consommation d'énergie ;
- Une approche géographique, c’est-à-dire l’analyse des surfaces du bâti (et donc en utilisant des facteurs moyens) ;
- Une analyse plus détaillée des quantités de matériaux utilisés.
La troisième approche est la plus précise, mais aussi la plus complexe. C'est pourquoi les deux autres méthodes sont plus couramment utilisées.
Comment réduire les émissions liées au bâtiment et atteindre la neutralité carbone ?
Le secteur du bâtiment est responsable d'une part importante des émissions de dioxyde de carbone dans le monde. Il est donc essentiel qu'il soit soumis à la législation afin de réduire son impact sur l'environnement.
En outre, le secteur doit viser la neutralité carbone, ce qui signifie que toutes les émissions produites par le secteur sont compensées par des activités qui permettent d'éliminer le carbone de l'atmosphère. Il existe de nombreuses façons d'y parvenir, comme planter des arbres ou investir dans les énergies renouvelables.
Toutefois, il est important de noter que la neutralité carbone n'est pas synonyme d'émissions nulles, et qu'un certain niveau d'émissions sera toujours produit même si le secteur atteint cet objectif. Néanmoins, la neutralité carbone est un objectif crucial à atteindre pour le secteur du bâtiment afin de minimiser son impact sur l'environnement et limiter les effets du changement climatique.
Si vous souhaitez approfondir la notion de crédit carbone, vous pouvez lire cet article.
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