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L'impact environnemental de la semaine de travail de quatre jours : une solution durable ?

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Par Gautier Mulak
mis à jour le 28 févr. 2024

Le sujet de la semaine de travail de quatre jours gagne en popularité, alors que la majorité des Français s'oppose à l'idée de repousser l'âge de départ à la retraite. En 2022, la Belgique a introduit la possibilité de travailler quatre jours par semaine, sans réduire le temps de travail hebdomadaire. 

En France, le gouvernement a également lancé une expérimentation à petite échelle en testant la semaine de 36 heures sur quatre jours pour les agents de l'Urssaf de Picardie.

Ce modèle de travail offre non seulement un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, mais il a aussi des impacts positifs sur la santé et le bien-être des employés. Des études récentes confirment ces avantages.

L'une des expérimentations les plus importantes sur la semaine de quatre jours a eu lieu au Royaume-Uni en 2021, impliquant 2 900 salariés dans 61 entreprises. Le temps de travail des participants a été réduit de 20 %, sans diminution de salaire. Les résultats de cette expérience sont prometteurs : 71 % des employés ont signalé une diminution de leur épuisement professionnel, et 39 % ont ressenti moins de stress.

Mais qu'en est-il de son impact environnemental ? Cet article explore les avantages potentiels de la semaine de travail de quatre jours sur l'environnement, ainsi que les défis à surmonter pour maximiser ces avantages.

Identification des impacts environnementaux positifs

Un rapport commandé par le collectif d'associations Platform dans le cadre de la campagne "4 days week" révèle qu'une réduction généralisée du temps de travail pourrait entraîner une baisse de 21,3 % de l'empreinte carbone du Royaume-Unis. 

Cela est équivalent à 127 millions de tonnes équivalent CO₂ par an.

Si cette étude s’applique au Royaume-Unis, elle invite à une réflexion plus globale.

Réduction de l'empreinte carbone liée aux déplacements domicile-travail

La réduction du temps de travail, comme le passage à une semaine de quatre jours, pourrait considérablement réduire les émissions de CO2 liées aux déplacements domicile-travail.

L'étude de l'Université de Reading indique qu'une semaine de travail de quatre jours à l'échelle nationale au Royaume-Uni diminuerait le nombre de kilomètres parcourus par les employés de 558 millions chaque semaine. 

Ce scénario entraînerait une réduction du kilométrage des voitures de 9 %, ce qui réduirait la consommation de carburant et les émissions de CO2. 

En France, les trajets domicile-travail représentent 4 % des émissions de CO2. D'après une étude publiée en septembre 2020 par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), le télétravail offre un avantage environnemental moyen de 271 kg d'équivalent carbone par an pour chaque jour travaillé à domicile par semaine. En prenant en compte les déplacements induits par un jour de congés supplémentaire, on peut avoir une idée de l’impact d’une semaine de 4 jours.

Baisse de la consommation d'électricité

Réduire les heures de travail, comme passer à une semaine de quatre jours, entraîne une baisse significative de la consommation d'énergie. Une expérience menée aux États-Unis a montré que supprimer un jour de travail permettait d'économiser de l'énergie en réduisant l'utilisation des équipements de bureau énergivores, comme les ascenseurs, le chauffage, la climatisation ou l’éclairage au bureau. 

Une étude britannique a également révélé, en comparant l’électricité consommée à domicile vs l’électricité consommé au bureau, qu'un week-end de trois jours réduirait les émissions de CO2 de 117 000 tonnes par semaine.

Bien que ces études n'évaluent pas directement l'impact environnemental d'une semaine de travail de quatre jours, elles fournissent des indices sur les avantages potentiels pour l'environnement de la réduction du temps de travail.

Les potentiels effets rebonds 

Les effets rebonds liés au télétravail sont des conséquences indirectes ou imprévues du passage au travail à domicile qui pourraient réduire ou annuler les avantages environnementaux attendus. 

Nuance sur la consommation d'électricité

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la consommation d'énergie résidentielle a augmenté en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 et du passage au télétravail. 

Cette augmentation de la consommation d'énergie à domicile s'explique par le fait que les gens passent plus de temps chez eux, utilisent davantage d'appareils électroniques (film, réseaux sociaux) et ont besoin de chauffer ou de climatiser leur domicile. 

L’efficacité énergétique des particuliers devient donc un facteur essentiel pour évaluer le réel impact d’une semaine de quatre jours sur la consommation d’énergie. 

Certaines entreprises aussi pourraient choisir de réorganiser les heures de travail de leurs employés pour maintenir les mêmes heures de travail hebdomadaires, mais en les répartissant sur quatre jours au lieu de cinq. 

Dans ce cas, les avantages environnementaux pourraient être limités.

Créer plus de mobilité

Avec un jour de travail en moins, les employés pourraient choisir d'entreprendre des activités de loisirs plus énergivores, telles que les voyages en voiture ou les vols pour des escapades de week-end. Ces activités pourraient contribuer à augmenter les émissions de carbone.

Augmentation de la consommation de biens et services

Un jour de travail en moins pourrait entraîner une augmentation de la demande de biens et services, tels que la consommation de nourriture dans les restaurants ou l'achat de produits de consommation. Cette augmentation de la demande pourrait générer davantage d'émissions de carbone liées à la production et au transport de ces biens et services.

Sensibiliser à la consommation responsable pour limiter les effets rebonds

Pour minimiser les effets rebonds, l'ADEME recommande de mettre en place des mesures d'accompagnement, comme :

  1. Encourager les employés à adopter des comportements éco-responsables à la maison, tels que l'optimisation de l'isolation thermique et la maîtrise de la consommation d'énergie.
  2. Promouvoir les transports en commun et les modes de déplacement doux, comme la marche et le vélo, pour les activités sociales et les trajets occasionnels vers le bureau.
  3. Sensibiliser les employeurs et les employés aux bonnes pratiques du télétravail et à l'utilisation responsable des équipements électroniques.

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