L'Union européenne entend renforcer la transparence des entreprises, vis-à-vis de la durabilité de leur activité, grâce à la directive CSRD. Ce qu'on appelle aussi la Corporate Sustainability Reporting Directive permet aux investisseurs ou encore aux particuliers de comparer deux activités selon un même référentiel.
Elle s’aligne sur l’ambition de l’Union Européenne d’atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Dans cet article, nous vous proposons de tout comprendre de la CSRD, et les nouveaux défis qu’elles posent aux entreprises.
La CSRD : la première étape d’une économie plus verte
Pour tous les acteurs de l'économie, le critère extra financier devient crucial, quand il s'agit de choisir une entreprise ou un produit. La CSRD, en offrant une norme commune, arrive donc à point nommé.
Les préoccupations environnementales et sociales
La prise de conscience écologique est croissante. De plus en plus d’entreprises souhaitent adopter une dynamique durable, avec des activités plus respectueuses de l'environnement. Il était donc indispensable pour ces dernières de disposer d'un outil permettant d'établir un bilan.
Pour que l'outil soit pertinent, il faut pouvoir comparer deux activités similaires, selon des données similaires. L'établissement d'un rapport basé sur les mêmes points d'analyse prend donc tout son sens. Il peut aussi choisir de base, dans l'élaboration d'une stratégie visant à lutter contre le changement climatique.
Les premières réglementations sur la durabilité en Europe
La directive CSRD succède à d'autres réglementations, comme la Directive 2014/95/UE qui se réservait aux grandes entreprises. Cette dernière avait aussi pour objectif de garantir la transparence des informations non financières fournies par les entreprises. Elle a eu un impact considérable puisqu'elle a fait émerger l’obligation de reporting.
Dans le même temps, d'autres initiatives ont vu le jour, comme la taxonomie européenne. CSRD et taxonomie sont très complémentaires. Si la première permet de collecter des informations et de les divulguer, l'autre prévoit un barème, pour savoir simplement si une activité économique est durable ou non.
L’arrivée de la CSRD : un reporting incontournable pour les investisseurs
Le CSRD, en tant que reporting permet d'identifier risque et opportunité, en matière de respect de l'environnement, avec une portée d'application beaucoup plus large que Directive 2014/95/UE.
Elle s'accompagne aussi de ce qu'on appelle les European Sustainability Reporting Standards ou ESRS.Ce sont des normes spécifiques qui accompagnent la CSRD, précisant par exemple comment les informations doivent être rapportées. Leur objectif est véritablement d'aider les entreprises de façon concrète, avec des précisions sur les méthodes à employer.
Qu’est-ce que la double matérialité ?
Les entreprises soumises à cette “ non financial reporting directive “ devront s'emparer de la notion de double matérialité. Cela signifie que le rapport issu de l'analyse devra être utilisé :
- En externe : pour communiquer sur la durabilité d'une activité.
- En interne : pour trouver de nouvelles perspectives et améliorer l'impact environnemental d'une activité.
Les principes de la Corporate Sustainability Reporting Directive
Quelle est la portée de la CSRD ?
La CSRD entend disposer d'une portée générale, sur les différents acteurs de l'économie. Elle concerne les entreprises européennes, qu'elle soit coté en bourse ou non point c'est ici l'une des principales différences avec l'ancienne Directive 2014/95/UE qui n'inclut que les grandes entreprises.
Pour savoir si une entreprise est concernée par la directive, il faut consulter les seuils financiers à partir desquels le reporting est obligatoire. Attention, même si la directive est européenne, les seuils varient d'un pays à un autre. En France, il faut par exemple que l'entreprise passe l'un des trois seuils suivants :
- un bilan de plus de 350 000 € ;
- un chiffre d'affaires de plus de 700 000 € ;
- une moyenne de 10 salariés sur l'exercice.
Les entreprises non européennes ne sont pas concernées par cette directive.
Quelles sont les obligations liées à la CSRD ?
Pour les entreprises qui passent les seuils, selon lesquels on est obligé de se soumettre à la directrice CSRD, les obligations sont les suivantes :
- Créer un rapport de durabilité selon des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance ou ESG.
- Suivre les normes précises, disponible en consultant les ESRS.
- Adresser le rapport à toutes les personnes pouvant être concernées par ces informations, comme les actionnaires, les investisseurs, les régulateurs ont encore le grand public.
- Soumettre les informations à une vérification externe.
- Soumettre le rapport à une analyse de conformité, grâce à une déclaration d'assurance, ou un organisme de vérification.
- Faire preuve de transparence sur la méthodologie utilisée,
- Mettre à jour les informations dans le temps.
- Faire approuver le rapport de durabilité en conseil d'administration.
- Publier le rapport de façon électronique sur le site Web de l'entreprise.
CSRD : quels avantages ?
La CSRD est une excellente façon de promouvoir le développement durable, en proposant un point de vue extra financier sur les activités. Les nouvelles obligations qu'elle entraîne profitent non seulement à la planète, mais aussi à toutes les parties prenantes à l'économie européenne.
L’amélioration de la transparence
La directive CSRD, tel que la Commission européenne la promeut dans le Journal Officiel, permet d'analyser la performance extra financière d'une activité. Si jusque-là certaines parvenaient à garder certains procédés de fabrication secrets, l'heure est désormais à la transparence.
L’homogénéité des rapports de durabilité
La CSRD permet aussi de mieux comparer les différents rapports. Si son champ d'application est large, elle renvoie les entreprises à des référentiels communs. Les normes européennes sont donc mises au service d'une meilleure compréhension des consommateurs et des investisseurs.
La sensibilisation à des pratiques durables
Les informations relatives à la durabilité d'une activité visent aussi à sensibiliser les consommateurs. En leur donnant des données concrètes, elle contribue effectivement à la prise de conscience collective, concernant l'impact des activités sur le changement climatique. Cela peut donc contribuer à changer les modes de consommation, pour tendre vers une économie plus verte.
CSRD : les nouveaux défis
Du point de vue des entreprises, ce nouvel outil de la finance durable représente certains défis. Elles devront effectivement se soumettre à de nouvelles normes européennes. C'est aussi la possibilité de cerner les risques et opportunités liés à une activité.
Le coût de la CSRD pour les entreprises
Parmi les défis auxquels doivent faire face les entreprises, il est important de souligner que cette directive européenne entraîne des coûts financiers importants. Il faudra généralement faire appel à un prestataire externe, pour collecter les données, mais aussi les interpréter et les normaliser.
L'étape suivante sera de mettre en conformité le reporting, par rapport aux attentes mentionnées au Journal officiel de l'Union européenne. Ici aussi, cela entraîne des coûts financiers.
L'accueil du secteur privé
L'accueil de la CSRD par le secteur privé est relativement mitigé. Bien qu'elle sensibilise aux impacts et aux risques liés à une activité, les ajustements qu'elle exige, tant sur le plan organisationnel que financier, représentent un défi majeur.
Par ailleurs, le système est encore jugé trop imprécis par certains, qui considèrent que les spécificités de leur activité ne sont pas prises en compte. La directive CSRD doit donc sans aucun doute être perfectionnée, pour que ce reporting extra financier prenne en compte les enjeux réels auxquels font face les entreprises.
Contrainte de production, enjeux économiques, réalité du marché… De nombreuses données sont à considérer pour ne pas pénaliser les entreprises.
Quel est l’impact de la directive CSRD sur les tiers ?
Les sociétés ne sont pas les seules à être impactées par l'arrivée de cette nouvelle directive de la Commission européenne.
La CSRD du point de vue des investisseurs
Pour les investisseurs, ce reporting permet de prendre en compte les critères ESG, pour évaluer les risques et les opportunités liées à une entreprise. La directive pourrait bel et bien devenir un véritable levier en matière d’investissement, en s’imposant comme boussole, des acteurs qui contribuent aux levées de fond.
Beaucoup de directives avaient été créées pour les entreprises de plus de 250 salariés ou encore de plus de 500 salariés. Ici, on propose un système plus généraliste, qui prend en compte de plus nombreux acteurs de l'économie.
La CSRD du point de vue des institutions
Pour les institutions, la CSRD représente l'opportunité de suivre les impacts des entreprises, pour contrôler qu'elle respecte les normes de leur secteur.
Par exemple, les données rapportées pourront permettre de vérifier si les objectifs de protection de l'environnement fixés par un gouvernement sont respectés. On peut aussi analyser la gouvernance d'une entreprise, ou encore la façon dont est traitée la masse salariale. C'est donc une véritable mine d'information pour les organismes chargés du contrôle.
La CSRD du point de vue du grand public
Du point de vue des particuliers, au même titre que la taxonomie, la CSRD contribue à guider les achats ou encore les investissements.
Sur le long terme, la CSRD devrait donc contribuer de manière significative à atteindre la neutralité carbone recherchée par l'Union européenne. Elle impose néanmoins de nouveaux défis aux entreprises, quelque soit leur taille. Il faudra effectivement inclure ces nouvelles obligations dans l'écosystème de l'entreprise.
Au-delà des contraintes, la CSRD représente également une véritable opportunité. Elle incite les entreprises à adopter des modèles plus durables, ce qui peut non seulement réduire leur empreinte écologique mais aussi renforcer leur compétitivité. En répondant aux attentes croissantes des consommateurs pour des produits et services plus verts et éthiques, les entreprises peuvent capitaliser sur cette transition pour se différencier sur le marché.