Qu'est-ce que l'empreinte carbone collaborateur ?
L'empreinte carbone collaborateur mesure l’impact environnemental des activités d’un individu au sein d’une entreprise et dans le cadre de son travail selon la quantité totale de gaz à effet de serre (GES) émise, traduite en dioxyde de carbone équivalent (CO2e).
Cette approche concerne les émissions directes et indirectes générées par l’employé concerné, telles que ses déplacements domicile-travail, ses habitudes alimentaires ou encore le matériel numérique utilisé. À noter que l’empreinte carbone collaborateur ne représente qu’une part de l’empreinte carbone individuelle qui comptabilise l’ensemble des émissions d’un individu, dans les domaines professionnel et personnel.
Selon le secteur, l'empreinte carbone collaborateur peut représenter une part significative de l’empreinte carbone globale d'une entreprise. D’une part, mesurer l’empreinte carbone d’un salarié est donc indispensable dans le calcul de celle de son entreprise. D’autre part, sensibiliser les employés à leur impact environnemental dans le cadre de leurs activités professionnelles permet la réduction des émissions de GES d’une entreprise de manière collaborative et collective.
Les paramètres variant d’un métier à l’autre, le calcul de l’empreinte carbone collaborateur peut s’avérer complexe. Cependant, certaines catégories d’émissions de GES sont identifiables et quantifiables dans la majorité des secteurs, le poids de chacune dépendant du type d’activités concernées. Parmi celles-ci, on retrouve :
- Les déplacements domicile-travail
- Les déplacements professionnels
- L’alimentation
- Le matériel numérique
- La consommation énergétique au bureau
Les déplacements domicile-travail
Les déplacements domicile-travail désignent les trajets effectués par un individu entre son lieu de résidence et son lieu de travail, allers et retours. Ceux-ci concernent l’utilisation de la voiture et des transports en commun, ainsi que les modes de transport doux comme la marche et le vélo. Mesurer les émissions de GES liées à ces déplacements fait partie intégrante de l'évaluation de l'empreinte carbone collaborateur.
En France, les déplacements domicile-travail représentent 4% du total des émissions de gaz à effet de serre et deux tiers des actifs se rendent au travail en voiture. Bien que celle-ci soit le mode de transport le plus émetteur de GES, la voiture demeure plébiscitée par les français quelle que soit la distance, suivie des transports en commun, des mobilités douces et enfin des deux-roues motorisés.
Les alternatives pour réduire son impact carbone
Diverses solutions s’offrent aux collaborateurs adeptes de l’autosolisme - terme utilisé pour définir le fait de se déplacer à une personne dans une voiture. Un critère important à prendre en compte dans la recherche d’alternatives est la distance entre le lieu de résidence et le lieu de travail.
La marche et le vélo
Pour de courts trajets inférieurs à 2 km, la marche est une excellente alternative. De même que le vélo, pour des distances étendues à 5 km, d’autant que de plus en plus d’agglomérations développent leurs réseaux de vélos en libre-service, tels que les Vélib’ à Paris.
Les transports en commun
Pour de plus longues distances et lorsque le réseau est bien desservi, l’utilisation des transports en commun est à privilégier. En France, les employeurs doivent prendre en charge 50 % du prix des titres d’abonnements souscrits par leurs salariés pour l’intégralité du trajet domicile-travail accompli au moyen de services de transports publics, même si plusieurs abonnements sont nécessaires à la réalisation de ce trajet.
Les horaires flexibles
Dans les secteurs où cela peut être mis en place sans perturber le bon fonctionnement de l’entreprise, proposer des horaires flexibles peut encourager les employés à utiliser davantage les transports en commun en évitant les heures de pointe.
Le covoiturage
Si l’utilisation de la voiture demeure indispensable, il est intéressant de développer le covoiturage puisqu’une voiture remplie divise les émissions de GES de la voiture par le nombre de passagers. Une enquête menée au sein d’une entreprise permettrait de mettre en relation le personnel effectuant un trajet similaire, cette initiative peut même être élargie au personnel des entreprises voisines. D’ailleurs, des applications mettant en relation des personnes effectuant le même trajet domicile-travail existent déjà, telles que BlaBlaCar Daily et Klaxit.
Le télétravail
Enfin, le télétravail se présente aussi comme alternative. Démocratisé depuis la crise sanitaire de la COVID-19, il permet aux employés de travailler à distance et implique par conséquent une diminution nette des déplacements domicile-travail. Attention toutefois à ne pas négliger les effets rebonds du télétravail qui peuvent amplifier, atténuer, voire annuler ses bénéfices environnementaux. Selon l’ADEME, le bilan environnemental du télétravail reste favorable dans la plupart des scénarios étudiés et aboutit à plusieurs recommandations à mettre en place pour réduire les effets rebonds défavorables.
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Une démarche rentable et responsable
Certaines entreprises proposent un forfait mobilité durable pouvant aller jusqu’à 800€, une mesure introduite dans le cadre de la Loi d'orientation des mobilités mise en application en 2020. Ce forfait permet aux employeurs de fournir à leurs salariés un avantage financier exonéré d'impôts et de cotisations sociales pour favoriser l'utilisation de modes de transport plus durables.
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Toutes ces alternatives à l’autosolisme présentent de nombreux avantages, en plus de réduire son empreinte carbone, le collaborateur effectue des économies financières et de temps notables.
La promotion de modes de déplacement moins émetteur de GES, tels que le covoiturage, le vélo ou les transports en commun, apparaît donc comme un point de levier significatif dans une démarche de réduction de l'empreinte carbone collaborateur liée aux déplacements domicile-travail, et celle de l’entreprise par extension.
Les déplacements professionnels
Les déplacements professionnels qualifient les trajets réalisés dans le cadre du travail, hors trajets domicile-travail. Ils désignent par exemple les voyages professionnels, les trajets pour se rendre à des séminaires ainsi que les déplacements chez un client ou un fournisseur. Ces trajets constituent une part significative des émissions de GES des entreprises puisqu’ils concernent tous les types de transport, y compris l’avion.
S’interroger sur le besoin et opter pour des alternatives moins polluantes
Dans une démarche de réduction de l’empreinte carbone collaborateur, et des entreprises, l’enjeu est donc de réduire la fréquence des déplacements professionnels en s’interrogeant sur leur nécessité. Dans certains cas, un appel téléphonique ou une visioconférence peuvent s’avérer suffisants. Dans d’autres cas où ces déplacements apparaissent comme indispensables, privilégier des modes de transports plus responsables comme le train est le meilleur moyen de réduire son impact environnemental.
Un outil de calcul est disponible sur le site de l’ADEME pour effectuer des comparatifs d'émissions de CO2, sur une distance donnée, selon les modes de transport.
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Des sources d’émissions indirectes : hébergement et restauration
D’autres sources d’émissions liées à ces déplacements professionnels sont à prendre compte, comme l’hébergement et la restauration. En général, plus le standing de l’hébergement est élevé, plus il est émetteur de GES. En effet, les émissions liées au service de blanchisserie, à la consommation et maintenance des piscines ou aux buffets proposant toutes les cuisines du monde sont considérables. Une solution est de privilégier des hébergements plus responsables comme les maisons d’hôte qui proposent souvent des repas fait maison cuisinés avec des produits locaux et de saison.
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Bien que les émissions de GES induites par ces déplacements s’inscrivent dans l’empreinte carbone collaborateur, le rôle dans cette démarche de sobriété revient majoritairement aux employeurs qui sont les principaux décisionnaires. Par ailleurs, la sensibilisation de tous, employeurs et employés, reste un moteur de changement efficace !
L’alimentation
L’alimentation comme source d’émission de GES dans l’empreinte carbone collaborateur concerne tout ce qui est lié à la restauration sur le temps de travail. Cela inclut notamment les restaurants d’entreprise, les repas prêts achetés en extérieur, les repas maison préparés par les employés ou encore les déjeuners et diners offerts par l’entreprise pendant un séminaire ou pour un rendez-vous client.
L’empreinte carbone de l’alimentation d’un français est d’environ 2.1 tCO2e. La mesure des émissions liées à l’alimentation doit prendre en compte différentes étapes telles que les méthodes de production agricole, la transformation des produits, leur transport, leur distribution et leur emballage. À chaque étape sont associées consommation énergétique ainsi que production et gestion des déchets.
Vers une alimentation plus responsable
Réduire sa consommation de produits d’origine animale
Sans surprise, une alimentation carnée est bien plus émettrice de GES qu’une alimentation pesco-végétarienne, végétarienne ou végétalienne.
Pour rappel, le régime pesco-végétarien exclut uniquement la consommation de viande rouge et blanche, mais conserve la consommation de poissons et fruits de mer. L’alimentation végétarienne concerne la consommation d’aliments d’origine végétale, mais également de produits laitiers et d’œufs. Enfin, l’alimentation végétalienne est une pratique alimentaire qui exclut la consommation de tous produits d'origine animale, y compris les œufs, les produits laitiers et le miel.
Dans le calcul de l’empreinte carbone de la viande, divers facteurs contribuent à assombrir les résultats, notamment l’espace et l’énergie requis pour la culture de l’alimentation du bétail, les émissions de méthane provenant des animaux ruminants, l'utilisation d'engrais azotés pendant l'épandage, et les émissions de GES résultant du transport.
Pour diminuer la part des émissions de GES de l’alimentation, la consommation de produits d’origine animale est donc à limiter.
Choisir des produits locaux, de saison, bruts et issus de l’agriculture biologique
Dans l'évaluation de l’empreinte carbone des fruits et légumes, deux éléments méritent une attention particulière. Tout d'abord, il est notable que 40% des fruits et légumes que nous consommons sont importés. La raison principale est la volonté de proposer une variété large de produits, et ce, quelle que soit la saison. Ainsi, ils peuvent soit provenir de cultures sous serres chauffées qui émettent 10 à 20 fois plus de GES qu’une culture en plein champ, soit être importés de l’étranger. L’acheminement de ces fruits et légumes jusqu'à nos étals représente un tiers des émissions totales de GES associées à leur transport.
Plus un produit est transformé, plus son empreinte carbone est élevée. En effet, les procédés tels que la cuisson ou la congélation nécessitent une quantité importante d'énergie.
Les produits biologiques sont cultivés sans l'utilisation de pesticides synthétiques, d'engrais chimiques ou d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Une agriculture biologique lutte donc contre les effets néfastes de ces produits chimiques comme la perturbation dans les écosystèmes naturels, la dégradation et contamination des eaux et des sols, et les impacts néfastes sur la santé humaine.
L’importance de consommer des produits locaux, de saison et peu transformés est donc clé dans une démarche de réduction des émissions de GES induites par l’alimentation.
Limiter le gaspillage alimentaire et le suremballage
Enfin, le gaspillage alimentaire et les déchets générés présentent une vraie problématique et sont sources de grandes émissions de GES. En France, les pertes et le gaspillage alimentaires représentent 10 millions de tonnes par an, ce qui équivaut à 3% des émissions de GES nationales selon l’ADEME. De plus, une étude de l’ADEME estime également que 120g de nourriture sont jetés par repas.
L’impact carbone lié à la production et l'utilisation de l’emballage dans lequel est placé le produit fini prend en compte le poids de l’emballage et sa nature. Pour réduire ces émissions, en particulier dues aux habitudes d’achat de plats en vente à emporter, privilégier l'utilisation de contenants et de couverts réutilisables demeure une option préconisée.
Les actions à mettre en place au sein des entreprises
Dans un contexte professionnel, le rôle des entreprises est donc de promouvoir des repas moins émetteurs de GES. Cela passe par exemple par le partage d’idées de repas végétariens et/ou végétaliens et à base de produits locaux et de saison, à cuisiner ou disponibles dans les restaurants du coin. En effet, ce type de régime alimentaire a encore mauvaise réputation alors que des alternatives gourmandes et avec toutes les qualités nutritionnelles nécessaires sont facilement trouvables.
Dans le cas où les employés ont à disposition un restaurant d’entreprise, proposer des repas plus végétalisés, avec des produits locaux, issus de l’agriculture biologique et de saison, tout en veillant à limiter le gaspillage et la production de déchets, est un point déterminant dans cette démarche bas-carbone.
D’autres petites actions peuvent être appliquées, comme l’achat de boîtes repas réutilisables pour les employés adeptes de la vente à emporter, l’installation d’un réfrigérateur dans les locaux afin de conserver les restes de repas, la mise en place d’un compost pour les déchets organiques et de façon plus générale, la sensibilisation à une alimentation plus responsable.
Le matériel numérique
L'empreinte carbone des équipements numériques des employés est une considération importante dans le calcul de l’empreinte carbone collaborateur et pour les entreprises soucieuses de leur impact environnemental. Cela inclut la fabrication, l'utilisation et la fin de vie des appareils tels que les ordinateurs, les smartphones, les équipements numériques, les serveurs et les infrastructures de réseau.
Des émissions de gaz à effet de serre d’origine multiple
L'impact environnemental du numérique ne se limite pas aux émissions de GES résultant directement de son utilisation. En réalité, il englobe divers facteurs tels que la fabrication des équipements électroniques, le traitement et le stockage des données dans les datacenters, ainsi que l'utilisation des réseaux et infrastructures nécessaires pour le transit des données. De manière générale, les études convergent vers le constat que la majeure partie de l'empreinte carbone du numérique provient de la fabrication du matériel. En second lieu, à hauteur de 20%, on trouve la consommation électrique nécessaire pour la transmission, le stockage et l'affichage des données. Parmi cette portion, 47% des émissions de GES sont attribuées au stockage des données, 28% à leur transit et 25% à leur affichage.
Une étude de l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la distribution de la Presse) montre qu’en 2020 en France, le secteur du numérique a produit 20 millions de tonnes de déchets, soit presque 300 kg par français.
Les pistes de réduction de l’impact du numérique, avantage écologique et économique
Des solutions sont applicables dans les usages quotidiens et au sein des entreprises afin de limiter l’empreinte carbone numérique, qui permettront également de limiter les coûts financiers.
Questionner le besoin
Premièrement, concernant l’utilisation des équipements, il est important de questionner les besoins. Certaines entreprises fournissent un équipement numérique complet, parfois supérieur au besoin réel de la fonction de ses employés.
Allonger la durée de vie du matériel et privilégier des fabrications plus responsables
Dans la mesure où une grande part de l’impact environnemental du numérique est directement liée à la phase de fabrication des équipements, allonger la durée de vie des équipements numériques est un levier d’action primordial à considérer. Cela passe aussi par le choix de matériel reconditionné, éco-conçu, labellisé ou certifié. L'éco-conception des produits et services numériques vise à intégrer les considérations environnementales dès les phases de conception et de développement, avec pour objectif de réduire l'impact environnemental tout en maintenant ou améliorant la qualité du service fourni.
Adopter les bons gestes
Enfin des habitudes simples sont à mettre en place, comme la mise en veille automatique des appareils, l’optimisation de la taille des fichiers envoyés, le nettoyage régulier des boîtes mail, l’utilisation du Wifi plutôt que de la 4G ou 5G qui consomment plus, ou le stockage sur le Cloud limité au nécessaire pour alléger les datacenter.
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La consommation énergétique au bureau
Dans le cadre de l’empreinte carbone collaborateur, la consommation énergétique au bureau inclut la consommation électrique des ordinateurs, des éclairages, des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation.
Réduire sa consommation énergétique
Réaliser un diagnostic énergétique
Les entreprises sont les principaux acteurs de changement vers une réduction de leur empreinte carbone liée à leur consommation d’énergie. En réalisant un diagnostic énergétique, un plan d’action peut être initié dans une démarche de sobriété énergétique.
Mettre en place des actions simples
En parallèle, les entreprises peuvent mettre en œuvre des actions simples et concrètes permettant une réduction immédiate des consommations et dépenses énergétiques. L’implication et la sensibilisation de tous les employés est un atout considérable dans cette démarche.
Concernant la consommation énergétique liée à l’éclairage, des mesures simples peuvent être mises en place. Par exemple, l'adoption de technologies telles que les ampoules LED ou les éclairages basse consommation, l’instauration d’une gestion des éclairages basée sur la détection de présence et l’instauration de bonnes pratiques pour éteindre les équipements inutilisés en fin de journée ou pendant le week-end.
Les mesures citées en faveur de la réduction de l’empreinte carbone du matériel numérique sont également applicables dans une volonté de réduction de la consommation énergétique.
Enfin, en opérant des ajustements dans la consommation énergétique associée au chauffage et à la climatisation, des économies notables peuvent être réalisées. Cela passe par exemple par prendre l’habitude de fermer les portes d’une pièce chauffée ou climatisée, ou adapter la température selon l’occupation des locaux. Dans la mesure du possible, opter pour une alternative moins consommatrice d’énergie comme l’installation d’une pompe à chaleur peut s’avérer économiquement rentable.